Historique et Evolution

 

Début de l'ère chrétienne

Le sabre présente une lame droite à un seul tranchant, un pommeau très prononcé se situe à l'extrèmité de la poignée : KABUTSUCHI NO TACHI.

An 600 environ de l'ère chrétienne

Les sabre , lame droite sont des copies conformes des modèles chinois, mais sans la qualité. Leur appellation globale CHOKUTO, ils sont classés chronologiquement en quatre genres :

- HIRA ZUKURI : lame symétrique, flanc plat, pas de Shinogi.

- KIRIHA ZUKURI : lame à arête longitudinale proche du bord. Rapidement cette arête recule vers les dos de la lame, nouvelle appellation : SHINOGI ZUKURI.

- KISSAKI MOROHA ZUKURI : lame symétrique, pointe à deux tranchants

- MOROHA ZUKURI ou TSURUGI : lame à double tranchant sur toute la longueur.

Ces armes, portées à la ceinture, sont plus appropriées pour transpercer que pour trancher.

Apparition à la même époque d'une variété de sabre court, semblable au TSURUGI. La poignée ressemble à une fougère roulée sur elle-même: WARABI TE GATANA.

Périodes ASUKA (552-645) et NARA (646-793)

Les sabres sont somptueux. Ils sont utilisés par les nobles comme insigne de leur rang plus que comme une arme.

Période HEIAN (794-1185)

Changement important dans la forme du sabre, dernière étape dans la courbure des lames. Difficile de dater cette modification, l'an mille satisferait les collectionneurs. Cette époque guerrière voit le nombre des armes augmenter, d'ou leur grande variété de fabrication. La courbure de la lame vient des méthodes de combat à cheval : Il est plus facile de trancher que de transpercer.

La naissance d'un nouveau type de lame SHINOGI ZUKURI à partir du KIRI HA ZUKURI. Le simple fait de reculer l'arête vers le dos du sabre donne un tranchant plus affiné et donc plus efficace .Les lignes de trempe sont simples de type SUGUHA, à la fin HEIAN recherche de l'esthétisme et apparition de motifs ( KO MIDARE, KIN SUJI ).

Période KAMAKURA (1185-1332)

Début KAMAKURA : Les sabres de cette époque sont pratiquement identiques à ceux de la période antérieure. C'est sous le règne de GO TOBA (82ème empereur) que la fabrication des lames prend son essor. L'empereur fait venir à sa cour les forgerons, et etudie avec eux les techniques de fabrication. Cette association est dénommée GOBAN KAJI, les forgerons de la province de BIZEN y seront nombreux. Les armes produites sont marquées du chrysanthème impérial.

Milieu KAMAKURA : Etablissement du code de conduite pour la classe des guerriers : pratique des arts martiaux, vie simple et frugale.Les lames sont larges, épaisses, plus fortes, les TANTOS sont plus courbés. les lignes de trempe CHOJI MIDARE sont courantes.Les nobles et les prêtres conservent leurs domaines en se fournissant en armement de qualité auprès des forgerons de YAMATO. Cinq écoles traditionnelles réputées : YAMASHIRO, YAMATO, BIZEN,SOSHU, MINO.

Fin KAMAKURA : Le Japon subit deux tentatives d'invasion par les mongols en 1274 et 1281. Ces dernières sont interrompues grâce aux typhons (KAMI KAZE - vent divin).Suite à ces attaques des hordes mongol, il s'opère un changement dans les techniques de combats pour les guerriers japonais; combats en groupes organisés plus efficaces qu'un engagement individuel. Les lames ont la même largeur sur toute la longueur. Les TANTO sont plus longs rectilignes plus larges qu'avant. Ces attaques font prendre concience au Japonais de l'importance d'une défense militaire.Les forgerons s'installent partout dans le pays et répondent à la forte demamde d'armement. Les difficultés financières de la régence HOJO permettent à l'empereur GO DAIGO de renverser le Shogunat KAMAKURA. MASAMUNE est le forgeron le plus réputé en cette époque perturbée.

Période NANBOKUCHO (1333-1391)

Cette période divise le Japon en deux. L'empereur GO DAIGO établit sa cour a YOSHINO au sud, tandis que ASHIKARA TAKAJI s'approprie le Nord en se déclarant SHOGUN et nomme KOMYO empereur. Pendant quelques temps, la chute de KAMAKURA entraine le pays dans des conflits civils entre les deux parties en présence. Dans l'armement, des sabres démesurés apparaissent ( la lame dépassant le mètre ), mais ils ne font qu'un passage furtif . les paysages encore forestiers de l'époque empêchaient le maniement correct de ces sabres. On revient rapidement aux lames plus courtes (70 cm), ancêtres de l' UGI GATANA.

Période MUROMACHI (1392-1572)

Réunification du pays sous l'influence de YOSHIHIRO. La paix s'installe, les arts prennent de l'essor sous ASHIKAGA YOSHIMITSU SHOGUN. l'armement se transforme. Le grand sabre ( TACHI ) disparaît, l' UCHI GATANA prend sa place. Les WAKISASHI sont de plus en plus fabriqués ( type SHINOGI ZUKURI ). Les TANTO s'allongent quelque peu et perdent leurs courbure ( type HIRA ZUKURI ). La fin de ASHIKAGAreplonge le Japon dans des joutes meurtrières, les seigneurs s'établissent et prennent le contrôle de certaines régions. La demande en armement augmente: la qualité diminue. Des sabres luxueux sont encore produits pour les seigneurs et leur cour. Les montures ( AKECHI ) sont dénudées. Les TANTOS retrouvent leur courbure et présentent un double tranchant. En 1543, les mousquets arrivent par l'intermédiaire des Portuguais, les forgerons s'adaptent et se tournent vers les manufactures d'armes à feu.

Période MOMOYAMA (1573-1599)

Tournant important dans l'histoire du Japon. La paix s'installe de nouveau, deux hommes marquent cette période ODA NOBUNAGA et TOYOTOMI HIDEYOSHI. Ce dernier établi un nouveau gouvernement central, interdit aux paysans le port et la détention d'armes. Cette décision abaisse la demande en armement et la qualité des lames s'en trouve améliorée. C'est le départ de la période SHINTO, ère du "nouveau sabre". Les arts s'épanouissent y compris dans la fabrication des armes. Deux styles de très belles qualités KAMAKURA et NANBOKUCHO.

SHINTO, "nouveau sabre" . Cette appellation vient des nouvelles méthodes de fabrication: développement du commerce et des transports, le minerai de fer est vendu à travers tout le pays. L'acier est importé du Portugal et de Hollande, et par conséquent les caractéristiques régionales de la période KOTO s'estompent et disparaissent avec les cinq écoles traditionnelles.

Période EDO (1600-1868)

Le Japon est dirigé par TOKUGAWA suivant une organisation plus ou moins militariste. La demande en armes est constante si ce n'est forte. au début de cette période, bon nombre de forgerons se déplacent de KYOTO vers la nouvelle capitale EDO et pour OSAKA devenu un centre commercial important. Les sabres sont très décorés, montures avec incrustations d'or et autres métaux précieux.

Les forgerons d' EDO et d' OSAKA travaillent pour une clientèle indivuduelle. Les marchands prennent le contrôle économique du pays.Une paix semble bien établie, d'ou une baisse de la demande en armement. Les artisants forgerons d' EDO et d'OSAKA disparaissent peu à peu sauf les artisans au service du clan NABESHIMA ( province de SAGA ). La majorité des fabriquants de sabres sont oubliés mais ils revindront sur le devant de la scène avec la période SHIN SHINTO.

Période GENROKU (1688-1703)

Alors que la production des lames diminue, la fabrication des montures ( KOSHIRAE ) connaît un essor considérable. Les métaux et alliages sont utilisés, patines et colorations ornent les sabres. Le meilleur artiste de l'époque est un certain SOMIN dont les oeuvres seront reprises par les ateliers des familles GOTO,NARA et YOKOYA.

Vers la fin de l'époque EDO, les dirigeants TOKUGAWA voient le pouvoir leur échapper et tentent de réveiller les valeurs guerrières Le sabre "renaît" et redevient un objet recherché. Les styles KAMAKURA et NANBOKUCHO sont redécouverts sous l'incitation d'un forgeron MASAHIDE. c'est le début du SHIN SHINTO.

1853, une impulsion guerrière s'empare du Japon avec l'arrivée de l'escadre du commodore PERRY. C'est aussi la fin de l'isolationnisme. la demande en mousquets et en armes blanches est soutenue.

Restauration des MEIJI, édit de 1876 interdit le du port du sabre par les civils. C'est la fin des forgerons d'armes, ils se tournent vers les équipements d'industrie

Après cette date, des aides gouvernementales permettent à des initiatives privées de conserver les techniques traditionnelles. Certaines organisations effectuent des recherches sur les procédés de fabrication et font en sorte que le patrimoine national se soit pas perdu. De nos jours, quelques forgerons " Trésors Nationaux Vivants" ont pour mission de préserver et de transmettre le savoir-faire hérité des anciens maîtres de l'époque féodale.