MONTURES

KOSHIRAE

ENSEMBLE DES PIÈCES DE LA MONTURE D'UN SABRE

Les lame des sabres ont été revêtues de diverses façons au cours de l'histoire japonaise. Les périodes de paix favorisent la décoration, à l'inverse les montures se dénudent en période guerrière.

Le milieu du 5ème siècle serait le départ des recherches de décoration, avec l'adoption des techniques d'ajourage et d'incrustation de métaux malléables dans les gardes des sabres ( TSUBA ). Des ornementations apparaissent également sur les KOTSUKA, KOGAI et MENUKI.

Le Bouddhisme ZEN intervient grandement dans ce développement. Il élève le travail des métaux à un niveau équivalant aux arts nobles. L'artiste est reconnu pour son travail et signe ses oeuvres. Par la qualité de leurs travaux, quelques familles se rendent célèbres, famille GOTO par exemple qui, reconnue par la cour Shogunale, se spécialise dans les ciselures sur les métaux et les alliages précieux. Son influence est considérable et demeure encore aujourd'hui en tant que référence incontestée. Au milieu du 17ème siècle, la famille NARA est, sans conteste, reconnue à un haut niveau de célébrité, par ses travaux identiques à la famille GOTO, mais en plus dans l'utilisation des colorations différentes dans les alliages, et, par un choix libéral dans les motifs décoratifs.

L'art décoratif des montures prend son envol à la fin du 15ème siècle et ce jusqu'au milieu et fin du 18ème siècle.

L'interdiction du port du sabre stoppe aussi cette recherche du raffinement, cependant certains grands artistes demeurent tels que GOTO ICHJO, KANO NATSUO, HATA NOBUYOSHI.

La diversité des montures provient du choix très large des motifs décoratifs et de la grande variété des matériaux utilisés. Les techniques de travail évoluent aussi, tant et si bien que l'on retrouve dans les montures, un ou plusieurs métaux, alliages et autres matériaux:

CUIR : souvent utilisé au 12ème siècle pendant les guerres, assemblage de cuir et de fer. L'ensemble est recouvert de laque noire. Les gardes tout en cuir, laquées,cerclées de métal sont appelées NERI-TSUBA.

GIN : Argent, en incrustation surtout, certaines montures sont en argent massif. Il vire au noir par l'oxydation.

KIN : Or, très utilisé, en incrustation. Des montures en or massif naissent sous le shogunat de TOKUGAWA IYEMITSU, cour de YEDO. Ces montures de par leur valeur sont bien entendu réservée au grand personnage les DAIMYO. Les riches marchands de la période GEN ROKU utilisent ces montures en or, mais, en 1830, un décret impérial en interdit l'usage par le peuple. Beaucoup de ces somptueuses montures ont été hélas refondues par la suite.

NACRE, BOIS, CORAIL, IVOIRE, PIERRES DURES, ÉCAILLE interviennent également dans la décoration des montures, la plupart du temps en incrustation.

SAHARI : mélange de cuivre, de plomb, d'étain. Utilisé principalement en incrustation. Teinte grise foncée.

SEIDO : Bronze, comparable à celui utilisé en Europe.

SENTOKU : mélange de cuivre, de zinc, et d'étain,. Couleur du jaune or au vert, selon le pourcentage de présence des matériaux.

SHADUKO : Mélange de bronze et d'or, la couleur s'étale du bleu au noir.

SHIBUICHI : mélange de cuivre et d'argent, couleur du gris foncé au gris clair.

SHINCHU : Laiton. utilisé en incrustation, couleur jaune d'or.

SHIPPO: Émaux, intégrés sur différent support. Grande variété de colorations, opaques ou translucides.

SUAKA : Cuivre très pur, couleur et teinte rouge orangée ou brune foncée.

TETSU : Fer, matériau de base, ses couleurs s'étalent du gris au noir en passant par le brun.

YAMAGANE : Cuivre à l'état brut, couleur plus foncée entre le bleu et le marron.

 

CISELAGE

MARU -BORI : technique d'ajourage et de ciselage. En présence d'incrustations on dénommera l'objet par les termes de HIKONE-BORI ou de MARU-BORI-ZOGAN.

O-MORI-BORI : Ciselage représentant les vagues de l'océan.

SUKASHI-BORI : concerne généralement la Tsuba qui est ajourée en partie ( KO-SUKASHI ) ou totalement (JI-SUKASHI ). Le motif obtenu est en externe ( YO-SUKASHI ) ou en retrait ( KAGE SUKASHI )

SUKIDASHI-BORI : motif de décoration en relief,. Il est obtenu en creusant le métal.

TAKA-BORI : Ciselage en haut relief.

YAKITE-KURASASHI : Ciselage en bas relief . travail exécuté avec de l'acide.

GRAVURE

Il existe que deux techniques de gravure. Elles sont réalisées à l'aide d'un burin en forme de V.

KATA KIRI BORI : le trait obtenu présente un coté vertical, tandis que son opposé est incliné.

KE-BORI : le trait obtenu est régulier et relativement symétrique.

INCRUSTATION

GAMA HADA : Crépissage de grains d'argent de section différentes sur une base métallique. La refusion de l'ensemble fait penser à une peau de crapeau.

HIRA ZOGAN : incrustation dite à plat. Lors d'incrustation de fils, on dénommera cette technique sous les termes de SEN ZOGAN ou HOTSURI ZOGAN. La représentation de trait de pinceau sera appelée SUMI ZOGAN.

IROYE ZOGAN : Présence de plusieurs métaux en incrustation.

NUNOME ZOGAN : damassage

SUEMON ZOGAN : c'est un soudage d'un motif sur un métal sur une base métallique différente.

TAKA ZOGAN : c'est une incrustation dite en relief.

UTTORI ZOGAN : A la base, il s'agit d'un motif ciselé en haut relief, et recouvert d'une feuille de métal différent.

AUTRES TECHNIQUES

GURI BORI : Assemblage de plusieurs plaques de métaux différents par soudage. Des entailles sont réalisées avec le burin en "V". On traite à l'acide les bords de ces entailles avec de l'acide pour faire ressortir les colorations des métaux en présence.

MOKUME : Assemblage par soudure de deux aciers, repliage un certain nombre de fois, réalisation d'un motif, traitement par l'acide afin de révéler les teintes des métaux.

NASHI JI ZOGAN : Imitation de la laque NASHI JI. Le support à décorer est poinçonné, recouvert d'or, puis ponçage du support pour ne conserver l'or que dans les orifices. Cette procédure reviendrait à OMORI TERUMIDE, ce dernier est l'inventeur aussi du OMORI BORI ( ciselage en forme de vagues ).

SHIPPO : Émaillage d'une partie ou de tout l'ensemble du support.

SURFAÇAGE

De même que pour les techniques décrites en amont, le surfaçage élargit l'éventail des motifs de décorations des pièces des montures.

ISHIME JI : réalisé avec un poinçon, le support a un relief imitant la pierre.

MIKAGI JI : désigne une surface polie.

TUCHIME JI : Définie une surface martelée.

YAKITE SHITATE : Imitation de la poterie.

YASURIME : Pour ces décoration il faut utiliser une lime. Les motifs obtenus sont des lignes classées

AMIDA YASURIME ou TAGANE : lignes en rayon

ISHIMATSU : Alignement de petits carrés d'argent et de bronze contenant de l'or ( SHAKUDO ). Cet ensemble constitue un damier miniature. Travail très précis la aussi puisque les cotés des carrés ont des dimensions avoisinant le millimètre.

NANAKO JI : ce décor est réalisé à l'aide d'un poinçon, Des lignes parallèles ou concentriques sont formées sur une partie ou toute la surface du support. Travail extrêmement difficile à effectuer. Au début du 19ème siècle, l'incrustation de fils d'or permet d'obtenir une imitation du brocart.

NEKO GAKI : Spécialité effectuée sur les revers des KOTSUKA, Les copeaux soulevés de la base métallique sont repliés et martelés à plat sur celle-ci. Ce terme est traduit littéralement par "Griffes de Chat ".

OKINA YASURIME : Cercles concentriques

SHINO YASURIME : Lignes obliques

UCHIDASHI : dans ce décor l'artisan repousse le métal de l'intérieur vers l'extérieur. Ce travail offre la possibilité d'effectuer des traitements comme le plaquage, l'incrustation ou tout simplement un polissage.

YAMAKICHI YASURIME : Lignes rayonnantes avec ondulations

CLASSIFICATION des MONTURES

Les pièces composant les montures sont elles mêmes classées en catégories.

Les gardes des sabres ou TSUBA

Les montures dites nobles, les KODOGU caractérisées par les : MENUKI, KOTSUKA, KOGAI, UMABARI

Les KANAGU, regroupement de toutes les pièces qui n'appartiennent pas aux catégories précédentes:

KOJIRI, KOIGUCHI, FUCHI, KASHIRA, KABUTO GANE, URAGAWARA, KURIKATA, SORITSUNE

Si les trois éléments du KODOGU sont en suite, on désignera cet ensemble par " choses des trois places " ( MITOKOROMONO ), si les MENUKI ne sont appairés qu'avec l'un des deux autres éléments il s'agira d'un NITIKOROMONO " choses des deux places ".

Si les montures des trois catégories sont réalisées par le même artiste, l'ensemble s'appelle SORIOMONO. L'usage de ce dernier ne s'est développé qu'à partir de l'époque GENROKU ( fin 17ème siècle ).

Si l'un de ces ensembles MITOKOROMONO, ou SORIOMONO est réalisé par les familles GOTO ou NARA, il est un cadeau inestimable pour celui qui le reçoit.